lundi 27 novembre 2017

Ardri : le retour des Uilebeasts

Illustration de Neith - Tous droits réservés.

 

 

Marlhzin


C'est en 1341 que les premiers témoignages d'un retour des Uilebeasts ont été enregistrés par les moines des différents monastères d'Enorhim. Les érudits s'accordent à dire que le portail de Tirsidfern a été réouvert par Marlhzin, le druide légendaire. Certains ne croient pas en l'existence de ce personnage censé être contemporain du Bon Artor, mais les fili comme certains moines continuent de colporter à travers l'île la rumeur de son existence, et cela depuis plus de 800 ans. Des bruits disent même qu'il est le seul survivant des conseillers d'Artor et par conséquent le seul et unique protecteur des Maencnacs.
Si les hypothèses les plus loufoques circulent sur les raisons qui l'ont poussé à rouvrir le portail vers l'Autre Monde, les plus sages émettent l'idée que c'est une manière de protéger Glas. Comment exactement ? Nul ne pourrait le dire avec certitude, bien qu'on pense que le druide, réputé pour être un peu dingue, ait pu s'engouffrer dans l'Autre Monde avec le joyau divin. Cela étant, personne n'en a jamais eu la moindre preuve. Il est sur que le portail vers Tirsidfern est ouvert car les témoignages rapportant la présence de Uilebeasts n'ont fait qu'augmenter avec le temps, mais est-ce que Marlhzin s'y cache avec le joyau ? Pour l’heure, ce ne sont que des rumeurs. Tout ce que l'on sait c'est qu'il est indéniable que Marlhzin tente de protéger Glas de l'avidité de la Reine Victoria. Tous en prirent conscience quelques temps après son couronnement. L'ambition et la cruauté de la souveraine d'Alegdrish étaient dangereuses pour les keldes, aussi protéger Glas était essentiel pour ne pas qu'elle puisse acquérir des pouvoirs quasi divins. En effet, les légendes racontent que lorsque l'Anardri Artor unifia les Maencnacs, il vit les Kodwies lui apparaître et elles lui promirent leur aide et leur bénédiction dans sa mission de protection et d'épanouissement de Kelderia et de son peuple. L'Anardri étant un homme bon et juste, il n'utilisa les pouvoirs que lui conférèrent les déesses que pour le bien commun. Mais qui sait de quoi serait capable la Reine Victoria avec un tel pouvoir ? C'est donc Marlhzin qui, depuis 25 ans, empêche la Reine d'accomplir son dessein ultime.
Le problème, c'est que ses actes ont permis aux Uilebeasts de revenir sur l'île. A leur arrivée, il aurait été facile de les repousser, encore fallait-il pouvoir refermer le portail. Mais personne, ni les érudits, ni les aventuriers, ni les mercenaires envoyés par la Reine, ne trouva le passage vers le Tirsidfern. Certains qui se lancèrent à sa recherche ne revinrent jamais, d'autres arpentèrent les vertes contrées d'Enorhim sans jamais le trouver. Marlhzin, Glas, et le portail semblaient avoir disparu. Et puis il aurait été bien plus facile de repousser les créatures vers l'Autre Monde si seulement la peste noire n'avait pas ravagé la population de l'île.



La peur


Effrayés par les monstres qui rôdent, hantés par la mémoire de cette épidémie, oppressés par l'autorité de la Reine, les enorhiens des quatre royaumes provinciaux ont eut du mal à se relever de cette période cataclysmique. Voilà seulement quelques années que les keldes comme les danes et les havrésiens ont l'impression de sortir des ténèbres. Mais les Uilebeasts sont toujours là et la Reine semble avoir également remarqué cette montée d'optimisme, décidant de bouleverser l'équilibre sociétal d'Enorhim en cette année 1366.
Les créatures du Tirsidfern sont certes toujours là mais elles ne déferlent pas sur les humains. Elles ont peur des humains. Les moines et les sages pensent que le traumatisme de la Conquête est toujours présent dans l'esprit de ces monstres et, pour une raison ou une autre, ils ne semblent pas vouloir retourner dans l'Autre Monde, préférant se cacher dans les contrées sauvages d'Enorhim. C'est là qu'ils se sont installés. Dans les montagnes rocheuses, dans les sombres forêts, dans les grandes plaines des tourbières, près des lacs inaccessibles et des rivières, dans les criques et les îles isolées le long des côtes.
Mais ces créatures doivent se nourrir, parfois des produits de la terre, parfois de viande et de chair, et parfois même des âmes humaines. Alors il arrive parfois qu'on retrouve certaines Uilebeasts jusque dans les cimetières des villes et des villages, mais le plus souvent à l'orée d'un bosquet la nuit sur les chemins qui mènent dans les petits patelins et les bourgs fortifiés. Aussi, depuis leur retour, les enorhiens font attention à leurs déplacements : seuls quelques courageux, marchands, combattants, troubadours et hommes de foi, n'hésitent pas à arpenter les routes. Mais le reste de la population ne quitte que rarement les terres qui l'ont vu naître ou se marier.


Tirsidfern


Certains moines pensent pouvoir étudier les Uilebeasts. Ceux-là ne vivent guère longtemps, d'autant plus qu'ils ne peuvent étudier ces créatures qu'en étant en contact avec elles. En effet, si les Uilebeasts peuvent être tuées, en réalité elles ne laissent aucun cadavre. Au moment de leur mort, leur corps se disloque en un millier d'étincelles alors qu'une déchirure menant tout droit au Tirsidfern s'ouvre dans la réalité et aspire en une fraction de seconde les lueurs restantes de la défunte créature. Aussi, même si certains disent avoir pu décapiter une Uilebeasts, ils n'en ont jamais pu en apporter la preuve, la tête se disloquant en petits éclats lumineux absorbé par la déchirure. D'autres pensant pouvoir accéder au Tirsidfern par ces trous dans la réalité, et ainsi peut-être retrouver Marlhzin et Glas, ont au mieux simplement réussi à se ridiculiser, la plupart des humains étant trop lent pour tenter de passer à travers la déchirure avant qu'elle ne se referme, et au pire perdirent une partie d'eux même, d'un simple doigt  à la tête en passant par les jambes et les bras, sectionnés net au moment où la déchirure s'est refermée sur eux. Des témoins racontent que certains ont été assez rapides pour se jeter dans l'ouverture vers l'Autre Monde, mais ceux-là, leurs proches attendent impatiemment leur retour. Et, en 25 ans, personne n'est jamais revenu de cette traversée, aussi leurs disparitions sont devenues des mythes et il semble juste impossible de passer sans encombre dans le Tirsidfern.
Des légendes racontent aussi qu’après la Conquête un portail vers le Tirsidfern fut réouvert en Caltdeah, l’un des Riochtamor, quelques décennies après la mort de l’Anardri Artor. Nul ne sait qui, ni pourquoi, mais une chose est sûre, ce portail fut refermé. Voilà l’espoir que nourrissent et partagent des milliers d’habitants d’Enorhim : refermer la porte vers l’Autre Monde.

Bigyo'

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